Gastrite
Gastrite : quand le bidon appelle à l’aide !
La sensation de dissoudre ta trachée à l’acide sulfurique te saisit à chaque rot ?
Chaque fin de repas t’est aussi agréable qu’un entraînement abdominal orchestré par Bruce Lee en personne ?
Tu crois que « digestion » ne rime qu’avec « punition » ?
Si tu te reconnais dans l’une ou l’autre de ces questions, c’est que tu es au bon endroit. Et si ce n’est pas le cas… tant mieux pour toi, mais je gage que la lecture de cet article t’apportera quand même bien plus qu’une après-midi au Mac Donald’s. Aujourd’hui on va essayer ensemble de comprendre pourquoi il est courant d’en arriver là, et de changer un peu ses habitudes pour se sortir de situations qui peuvent devenir préoccupantes.
L’estomac sur des charbons ardents
On passe un cap. Douleurs abdominales atroces, difficultés à digérer, perte d’appétit, nausées et brûlures d’estomac ; on va discuter avec ceux qui ont le haricot magique qui déconne à pleins tubes.
Encore une fois, pas de symptôme spécifique dédié à la gastrite. Par contre, une réalité s’impose, c’est une inflammation de la paroi de l’estomac. Et comme pour le RGO, qui dit inflammation chronique d’une muqueuse, dit : « Attention si ça traîne trop longtemps ça peut entraîner des trucs vraiment pas fun ». Du genre, comme tu sais que la muqueuse de l’estomac le protège contre ses propres sécrétions d’acides, t’imagines que sans protection, la paroi va se retrouver attaquée, « auto-digérée », ce qui peut à terme mener à l’ulcère. Heureusement tu changes tes habitudes à vitesse supra-sonique donc on va inverser la vapeur en quelques semaines, promis.
Bon réflexe, avant de chercher ce qui SUPPRIME LES SYMPTÔMES, tu viens de te demander quelles peuvent être LES CAUSES de cette vilaine inflammation. A ta grande surprise, il peut y en avoir beaucoup – il va donc une fois de plus falloir bosser sur tout un tas de trucs.
Dans ton malheur tu as de la chance, certaines causes identifiées favorisantes, même si elles ne sont pas claires, sont à peu près les mêmes que pour le reflux gastro-œsophagien : stress, mauvaise vidange gastrique, consommation d’aliments inflammatoires (produits laitiers, gluten, alcool), irritants (café, piments, agrumes…). Mais la médecine identifie également clairement d’autres facteurs qui viennent créer l’inflammation.
Le plus flagrant est la consommation répétée d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) – aspirine, aspégic, ibuprofène, nurofène, advil, kétoprofène, etc. Ils ont pour principal mode opératoire d’inhiber la prostaglandine, ce qui limite la réaction chimique à l’origine de la douleur. Or la prostaglandine est aussi active au niveau de l’estomac et du duodénum : elle stimule la production de mucus protecteur et inhibe celle d’acide chlorhydrique, pour te maintenir protégé dans un parfait équilibre gastrique. Cruelle ironie, n’est-ce pas ? Quand tu avales tes comprimés pour alléger ta tête, tu te perces les entrailles… Il va falloir passer à des méthodes plus douces pour soulager ton mal de tête.
Deuxième principal déclencheur de la gastrite, la fameuse bactérie superstar de nos bidons, Helicobacter pylori. Tantôt responsable de gastrite, tantôt responsable de cancers, c’est LA bactérie qui fâche le gastro-entérologue. Pourtant, la moitié de la population humaine l’héberge dans son estomac.
Fallait pourtant le vouloir, même en tant que bactérie, aller se mettre dans un endroit aussi peu confortable et acide que l’estomac. Ça tombe bien, Helicobacter siège dans le mucus protecteur et son métabolisme est capable de neutraliser tout acide à proximité immédiate. Tu vas me dire, ça te fait une belle jambe de savoir ça, toi qui a le haricot qui hurle à la mort à chaque bouchée.
Ce qu’il faut savoir et retenir sur cette jolie bactérie, c’est qu’elle peut être aussi utile que pas sympa. Le premier couac, c’est que pour se déplacer dans le mucus, Helicobacter qui porte bien son nom fait tourner autour d’elles de longs flagelles comme des hélices. Ça fluidifie le mucus et elle peut alors se mouvoir – fragilisant ainsi la protection de ta muqueuse. Mais à la limite, quand elle n’est pas dans sa forme agressive, ça passe encore.
Par contre, si Helicobacter se vexe, c’est une autre histoire. Équipée d’un aiguillon, elle pique les cellules qu’elle rencontre et occasionne leur mort. Là, ça devient plus probable d’avoir des troubles gastriques.
En parallèle, des études démontrent que cette merveilleuse bactérie permet aussi de stimuler notre système immunitaire. En effet, parmi les 10 000 individus étudiés pendant plus de douze ans, les porteurs de la bactérie risquaient deux fois moins de développer un cancer du poumon, ou de subir un Accident Vasculaire Cérébral.
Une autre étude sur des populations de souris dénote un nombre de lymphocytes T plus élevé chez les sujets habités par Helicobacter ; ces dernières se trouvant par les mêmes occasions plus résistantes aux infections, et moins sensibles à certaines affections courantes : asthme, allergies, diabète. La conclusion de l’histoire c’est que oui, Helicobacter crée des troubles gastriques – quand elle est présente en surnombre ou dans sa forme agressive. Mais au quotidien, elle stimule le système immunitaire et le maintient dans un état de parfaite vigilance. Prends garde, Mr. Propre, à vouloir tout nettoyer, parfois on se prive de ses meilleurs alliés !
Tu vas me dire, alors que faire ? Si tu es diagnostiqué atteint d’une gastrite occasionnée par Helicobacter, il faut calmer l’inflammation, donc contrôler la population. Et comme ici on aime les solutions naturelles, on va encore bosser sur la bouffe, tu te doutes !
Des petits arbres bons à croquer
Il existe une molécule capable de bloquer l’enzyme qui permet à Helicobacter de neutraliser l’acidité gastrique. Cette molécule c’est le sulfurophane, fruit de la réaction entre un glucosinate et la myrosinase, tous deux présents… dans le brocoli ! Mais pour produire cette fabuleuse réaction, il faudrait mastiquer le brocoli cru pendant longtemps, car la myrosinase est détruite à la cuisson. La solution si tu n’es pas trop fan du brocoli cru, c’est de l’associer avec d’autres aliments qui en contiennent ! A toi les associations merveilleuses : Brocoli au Wasabi, Brocoli au radis noir, Brocoli à la moutarde, Brocoli au cresson…
Ces quelques petits plats, si peu ragoûtants soient-ils, peuvent t’aider CONSIDÉRABLEMENT à calmer les agressions d’Helicobacter. Avec ça, une hygiène de vie et alimentation adaptées, y’a plus de raison que t’aies l’estomac qui parte en morceaux, cousin !
Par contre, MISE EN GARDE : si tu es en phase avancée de gastrite, pas le temps de rigoler avec les brocolis. Ça sera antibiotique comme tout le monde, si triste soit-il, mais à un moment donné faut pas jouer au plus malin. Courage !
Rédaction : Adrien Richard
Illustrations : Juliette Moitron
Sources :
Dr COTINAT, Martine. Stop aux brûlures d’estomac. Broché, 2009. 224 pages.
ENDERS Giulia. Le charme discret de l’intestin. Broché, 2014. 368 pages.
Santé Web. Inflammation, gastrite aïgue. santeweb.ch. Mai 2018.
CHATELAIN, Carole. L’étrange et dangereuse Helicobacter pylori. www.sciencesetavenir.fr. Janvier 2018.
C. DIMARINO Michael. « Infection par Helicobacter Pylori« . LE MANUEL MSD ; www.msdmanuals.com. Septembre 2017.
HARISTOY, Xavier ; ANGIOI-DUPREZ, Karine ; DUPREZ, Adrien ; LOZNIEWSKI, Alain. « Efficacy of Sulforaphane in Eradicating Helicobacter pylori in Human Gastric Xenografts Implanted in Nude Mice« . www.ncbi.nlm.nih.gov. Décembre 2016.
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