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Intestin grêle

Perdu dans l’intestin, le conduit sans fin

As-tu bien vérifié ton équipement, voyageur ? Existe-t-il le moindre risque que tes provisions viennent à manquer ? As-tu seulement la moindre idée de ce qui t’attends une fois passé les portes de l’intestin grêle ?

 

Prends donc connaissance du parcours avant de t’engager, poltron. Nous nous apprêtons à traverser un organe qui peut mesurer plus de huit mètres de long. Il sera divisé en trois parties principales : le duodénum, le jéjunum et l’iléon. Sache qu’elles essayeront respectivement de diviser et fragmenter encore plus l’équipage pour mieux nous capturer derrière. Que tout ce qui nous entourera n’aura qu’un seul objectif : nous absorber, les uns après les autres, jusqu’au dernier. Tu veux toujours en être ?

 

Tu sembles bien confiant… Eh bien, qu’il en soit ainsi, tu feras donc parti du voyage. Haut les cœurs, plus de temps à perdre ! Plongeons sans attendre dans celui que la légende nomme « le tunnel infini ».

Le duodénum, sas d’entrée de tous les dangers

La pomme que tu as avalé au tout début de l’aventure et qui nous fait office de navire est maintenant réduite en chyme. Broyée dans la bouche, torturée dans l’estomac, elle n’est plus qu’un amas liquide de cellules nutritives, de sucs gastriques et d’enzymes. Voici donc que l’estomac, fier du travail achevé, nous ouvre son sphincter inférieur (le pylore) et nous propulse dans la première fraction de l’intestin – et non la plus confortable : le duodénum.

 

Partie fixe et haute du grêle, il mesure à peine une trentaine de centimètres et s’enroule amoureusement autour du pancréas pour former un C. D’ailleurs, un C qui ne relève peut-être pas du hasard, tellement la relation qu’il partage avec lui relève de la « Connexion Chimique ».

 

C’est le cas de le dire ; à peine arrivés dans le duodénum, on se retrouve une nouvelle fois arrosé de produits corrosifs et détergents, les sels pancréatiques et biliaires. Un peu comme quand t’as décidé de bichonner ta caisse et que tu as pris toutes les options du Car Wash – ça commence par un coup de savon pour enlever le gros, ça continue au détergent pour décoller les merdes d’oiseaux récalcitrantes, et on finit par un « coup de polish » qui protège et fait briller le tout.

Partie fixe et haute du grêle, il mesure à peine une trentaine de centimètres et s’enroule amoureusement autour du pancréas pour former un C. D’ailleurs, un C qui ne relève peut-être pas du hasard, tellement la relation qu’il partage avec lui relève de la « Connexion Chimique ».

 

C’est le cas de le dire ; à peine arrivés dans le duodénum, on se retrouve une nouvelle fois arrosé de produits corrosifs et détergents, les sels pancréatiques et biliaires. Un peu comme quand t’as décidé de bichonner ta caisse et que tu as pris toutes les options du Car Wash – ça commence par un coup de savon pour enlever le gros, ça continue au détergent pour décoller les merdes d’oiseaux récalcitrantes, et on finit par un « coup de polish » qui protège et fait briller le tout.

Pancréas et duodénum sont enlacés tels des amants, une belle romance intestinale.

Dans le cas présent, le pancréas sécrète des « sels pancréatiques », principalement composés d’enzymes. On retrouve ici pêle-mêle la majorité d’entre elles : la lipase pour les lipides, l’amylase pour les glucides, et la protéase pour les protéines. A l’instar du savon sur les tâches, elles découpent toutes les molécules encore trop grosses, qui pourront ensuite être absorbées par la muqueuse intestinale.

La bile a un parcours un peu différent, elle est produite par le foie et stockée dans la vésicule biliaire. Mélangée au chyme dès son arrivée dans le duodénum, elle fait plutôt office de détergent et solubilise les lipides en micro-gouttelettes destinées, encore une fois, à être assimilées plus tard. Et puis, dans le même temps, elle évacue tous les déchets drainés par le foie. Malin.

Simultanément, les glandes de Buhner, situées dans la paroi du duodénum, produisent 1 à 2 litres d’une substance riche en bicarbonate qui neutralise l’acidité de la mixture à la sortie de l’estomac.

A ce stade normalement, notre pomme du début est littéralement pulvérisée. Elle n’est plus simplement à l’état « fluide » ou « liquide » – elle en est à l’état ASSIMILABLE, et crois-moi, ça veut dire beaucoup.

Ça tombe plutôt pas mal, parce que le duodénum va commencer à absorber et faire passer dans le sang des éléments finement préparés pour l’organisme. A son niveau, il se charge principalement de certains corps gras mais surtout des éléments disponibles comme les vitamines, le calcium ou le fer. Mais le gros du matos ça reste pour la suite ; aussi on continue la descente.

Dans les profondeurs du Jéjunum

Je ne sais pas si tu as déjà maté « Abyss », le film de James Cameron qui date de la fin des années 80. Peu probable, mais si un de ces jeudi soir prochains tu as le moral dans les chaussettes et l’envie de débrancher ton cerveau, accorde-toi ce plaisir ; ça te donnera une idée de l’ambiance dans laquelle on se trouve maintenant. Il fait noir, humide, et on est à peu près pile-poil au plus profond du tunnel : hyper loin de l’entrée, hyper loin de la sortie, et tout se ressemble.

 

D’ailleurs pour être honnête, il fait plutôt « rouge » que noir par ici. C’est bon à savoir, le jéjunum est la partie la plus vascularisée du système digestif. Plus simplement, ça veut dire que c’est bourré de veines et de vaisseaux sanguins, et en fait c’est plutôt normal : c’est ici que l’ensemble des nutriments va être absorbé pour passer dans le système sanguin.

Tel un jeune oisillon glouton, le jéjunum est la partie de ton intestin qui a faim !

* Quand l’étymologie en dit long

Jéjunum vient de l’adjectif latin jejune qui signifie « affamé ». T’as compris, on parle bien de la partie de ton corps qui a LA DALLE. Il essayera donc de bouffer absolument TOUT ce qui le traverse ; il en va de son honneur de ne pas en perdre une miette.

Si l’étymologie ne suffit pas à te convaincre, voici la preuve par les chiffres. Dans ton intestin transite chaque jour, tous produits confondus, près de 9 litres de liquides. A la sortie, on en retrouve un, ou moins. Absorption nette : 8 litres à la journée, 88% pour les matheux. Et cette performance, on la doit avant tout à une morphologie extraordinaire.

Ton jéjunum mesure entre 2 et 6 m de long pour 3 à 4 cm de diamètre. C’est de loin l’organe le plus allongé de ton système digestif et pour cause : plus la surface d’absorption est grande, plus il va pouvoir capter d’éléments nutritifs. Et pour faire avancer en permanence la quantité de matière qui le traverse, il est couvert d’une couche de muscles qui dansent et se contractent à intervalles réguliers – cette action mécanique, ça s’appelle le péristaltisme intestinal.

* Minute culture : le complexe moteur-migrant

Environ une heure après avoir mangé, quand l’estomac a décidé d’évacuer la première partie du bol alimentaire, la porte d’entrée de l’intestin – le pylore – déclenche une puissante onde qui va parcourir tout le grêle pour faire place nette aux nouveaux arrivants. Ainsi, tous les résidus sont expulsés vers la sortie.
Mais pas question d’évacuer n’importe quand, il est fondamental que l’estomac ait d’abord fini correctement son travail ! Aussi, dès que tu mastiques, cet incroyable système d’auto-nettoyage se met au repos pour pouvoir accueillir et préparer ce que tu as dans la bouche. Tu pressens ce qui arrive ?
Tu l’as bien compris : grignoter entre les repas c’est priver son corps d’une de ses fonctions d’auto-nettoyage les plus efficaces… et laisser son intestin s’encrasser.

On pourrait imaginer que la longueur du tuyau, couplée à l’efficacité de ses mécanismes, lui suffisent à mener à bien sa mission, mais c’est un obsédé absolu du travail achevé – il se plie non pas en quatre, mais plutôt en trois pour être toujours au top de ses capacités.

C’est le moment de plisser les yeux, sortir la loupe, et si ça ne suffit pas, dégainer le microscope. On n’a pas vraiment affaire à un tuyau bien lisse… Plutôt à un accordéon géant. La muqueuse de l’intestin grêle forme en effet des milliers de replis, que l’on nomme villosités. Chacune de ces villosités forme à son tour des plis, constitués par les cellules de captage de la muqueuse intestinale, les entérocytes. Et chaque entérocyte est couverte de micro-villosités : on retrouve donc au troisième niveau de zoom la même structure « en brosse ».

Zoom intestin grêle : muqueuse intestinale, villosités, cellules épithéliales.

Bref, pour la faire courte, si on déroulait tout ça à plat, ça nous donnerait une surface d’absorption longue d’environ 7 kilomètres. Généralement c’est maintenant que pour toi, le déclic se produit : quand on commence à saisir que sa bidoche déploie l’équivalent d’un Paris-Montreuil pour assimiler une simple pomme, ça force un peu le respect. Mais je te l’accorde, on peut se demander pourquoi un tel effort ?

 

Tu le sais déjà, mais arrivé à ce niveau du voyage, le joli fruit bien rouge qui te faisait saliver plus tôt n’a plus rien de glamour. C’est devenu un liquide nutritif qui transporte des milliards et des milliards de petites molécules. Une bonne raison pour ton intestin de passer à l’échelle microscopique en multipliant les points de captage ! D’ailleurs, s’il ne déployait pas cette ingéniosité, il aurait probablement la même efficacité que Dwayne Johnson (alias The Rock) essayant de pêcher la crevette grise à main nue… Et on se passe bien volontiers du spectacle.

Nutriments et lipides empruntent des chemins différents à ce stade du voyage digestif.

* Dis Père Castor, ils vont où après les nutriments ?

Chaque villosité de notre intestin est parcourue de deux réseaux chargés de transporter dans le corps tout ce qui pourra être récolté dans l’intestin.
Les vaisseaux sanguins récupèrent la majorité des nutriments et propulsent le sang, ainsi chargé, à notre usine de retraitement anti-toxines : le foie. Une fois débarrassé de toutes les molécules polluantes et indésirables, ce sang propre et super nutritif est envoyé au cœur, qui gère la distribution à tous les organes du corps.
En parallèle, les lipides vont partir dans le système lymphatique et ne repasseront pas par le foie. Le liquide qui y circule, la lymphe, transporte en outre avec lui une véritable armée de cellules immunitaires, les lymphocytes.

En parlant de système immunitaire… Sache que ton intestin n’est pas en reste, il est même plutôt bien armé. Courage, plus qu’un segment à affronter matelot ! On continue l’aventure, et c’est dans l’iléon que ça se passe.

Défenseur devant l’éternel et éternel défenseur : l’iléon

Partie terminale de l’intestin grêle, l’iléon fait la jonction entre le jéjunum et le côlon. Il possède une structure et une fonction similaire au jéjunum. Mêmes muscles pour assurer un bon péristaltisme, mêmes cellules pour l’absorption des nutriments. Dans son cas, il s’occupe en particulier de l’eau, des sels biliaires, de la vitamine B12, et de certains électrolytes (sodium, potassium). OK ça ne change rien à ta vie, mais au moins, c’est dit.

Même structure, même fonction… mais alors, qu’est-ce qui peut bien le différencier du jéjunum ? Un peu plus étroit et un peu plus clair, car moins vascularisé, il abrite surtout la principale base de défense du système digestif, j’ai nommé les plaques de Peyer.

Très simplement, sous la muqueuse intestinale de l’iléon, on trouve des tissus spécifiques (follicules lymphoïdes, si jamais ça t’intéresse) qui abritent une quantité de lymphocytes B et T, nos principales défenses immunitaires, prêtes à dégainer au premier moment de doute. Comme il y a moins de mucus protecteur au-dessus des Plaques de Peyer, tout ce qui passe devant est passé au scanner. La présence du moindre intrus réveille alors les lymphocytes qui déclenchent la réaction immunitaire.

Lymphocytes B et T, principales défenses immunitaires de l’intestin, te protègent de l’intérieur.

Bravo à toi, moussaillon ! Après cette longue traversée de l’intestin grêle, les quelques survivants encore à bord ne sont pas nombreux… Quelques fibres de pomme non digérées, quelques minéraux non absorbés, et un mélange de déchets variés. Plus qu’une porte à franchir et nous serons enfin à l’ultime étape de notre voyage : le côlon.

 

 

 

Rédaction : Adrien Richard

Illustrations : Juliette Moitron

 

 

 

Sources :

 

ENDERS Giulia. Le charme discret de l’intestin. Broché, 2014. 368 pages.

 

JOLY GOMEZ, Fransisca. L’intestin, notre deuxième cerveau. Marabout, 2016. 484 pages.

 

NICQUARD, Quentin. Intestin Grêle : Anatomie, Douleurs, Prévention, Maladies. passeportsante.net. Novembre 2016

 

CDU-HGE, Editions Elesevier-Masson. Les fondamentaux de la pathologie digestive – chapitre 3. www.snfge.org. Décembre 2016

 

THANATOFRANCE. Mécanismes digestifs : l’intestin grêle, anatomie. https://thanatofrance.wordpress.com. Décembre 2016

 

Check ton toubib !
 

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