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Côlon

Exploration du côlon, dernier périple avant la lumière

LE GRAND JOUR EST ARRIVÉ ! C’est aujourd’hui que l’on attaque l’ultime épreuve, que nous prenons ENFIN bel et bien la route de la sortie. Cette traversée du système digestif ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir… Mais point de trêve pour le moment soldat, garde ta bravoure près de toi et économise ton oxygène, car les derniers mètres ne sont pas de tout repos.

Côlon : un endroit peu respirable avec tous les gaz et déchets de ta digestion.

Pour être honnête, le bilan de notre présente situation s’approche plutôt d’un scénario de film d’horreur grande audience : la quasi-totalité de l’équipage a déjà été dissoute par l’estomac et absorbée par l’intestin grêle, l’air est autour de nous tant vicié de gaz qu’il en devient irrespirable, et nous voilà bientôt entourés d’une multitude de petits êtres étranges aux apparences plus extravagantes les unes que les autres.

Ce terrible endroit où errent les déchets de tes derniers repas et autres résidus en perdition, c’est notre dernier combat, probablement le plus beau d’entre tous. S’il n’égale pas la longueur affolante de l’intestin grêle, ce sacré tuyau mesure quand même pas loin d’un mètre cinquante, pour une moyenne de quatre à huit centimètres de diamètre. Et bien entendu, il fait montre de multiples talents – autant te dire que la fin du voyage nous réserve encore bien des surprises. Bienvenue dans le côlon, ici où s’achève ta digestion.

Une voie d’entrée bien sécurisée

Arrivés au bout du grêle, voilà que l’iléon nous déverse manu-militari dans le côlon, avec les maigres restes de la solution nutritive issus de la digestion (le chyme) – qui fut jadis une belle pomme. Nous voilà rendus dans le cæcum : derrière nous, l’appendice ; devant nous, l’inconnu.

 

Ce premier segment du gros intestin se doit de relever une mission essentielle ; assurer une transition sans heurts entre l’intestin grêle et le côlon. Plus concrètement, l’enjeu c’est de faire passer les produits en provenance d’un grêle plutôt propre à un côlon qui abrite plusieurs milliards de bactéries sans que celles-ci n’en profitent pour tenter une évasion et ne se retrouve au mauvais endroit.
Bien entendu, ça passe par un petit système de sécurité bien huilé : dans le cas présent, c’est la valvule iléo-cæcale qui gère la transaction.

 

Une fois que le matos est parvenu à bon port, ce « clapet anti-retour » se referme et le boulot du côlon commence : des milliards de petites bactéries (ta fameuse FLORE INTESTINALE !) se lancent à l’assaut des matières non digérées. Ce sont elles qui vont réaliser cette dernière étape de la digestion et te permettre d’assimiler les nutriments encore en course. Autant te dire que si tu veux changer ta vie, tu as intérêt à TOUT CONNAÎTRE d’elles et apprendre à les bichonner ; ça tombe à pic, il te suffit de cliquer sur l’article « MICROBIOTE INTESTINAL, QUAND LE VIVANT TE SAUVE LA VIE ! » et de l’apprendre par cœur !

 

C’est aussi à cet endroit qu’intervient l’appendice (vermiculaire ou vermiforme), aussi bien nommé en raison de son look « ver de terre ». Cette excroissance d’une douzaine de centimètres, mollement appendue à la partie basse du cæcum, mérite enfin son heure de gloire ! Longtemps considéré comme inutile par le corps médical, l’appendice ne serait donc que le simple fruit d’une évolution encore inachevée ?

En réalité, la science a récemment prouvé que notre brave protubérance était une « sacoche à probiotiques de secours » : en cas d’infection sévère du côlon et de diarrhée cauchemardesque, toute ta flore intestinale est détruite et part à la cuvette avec fracas. Coup de bol, ton appendice aura gardé dans l’ombre de vaillantes souches bactériennes bénéfiques, toutes prêtes à recoloniser ton gros intestin. Damn, j’en suis ému, ce que la nature est bien faite.

Le vide-ordure du corps

Le cæcum franchi, il ne nous reste pas plus d’un mètre cinquante de tunnel à braver, lui-même divisé en quatre segments principaux : le côlon droit dit aussi « côlon ascendant », le côlon transverse qui longe la cage thoracique de droite à gauche (du foie jusqu’à après l’estomac), le côlon descendant qui amorce une folle descente vers le bassin, et finalement le côlon sigmoïde qui finira sa course au niveau du rectum. Mais avant de te jeter dans la lumière tant méritée à la manière de Lance Armstrong sur la ligne d’arrivée du Tour de France, tu dois savoir ce que tu vas affronter dans les heures à venir.

Schéma du côlon : ascendant, transverse, descendant, sigmoïde et autres chouettes segments.
Le côlon est le super éboueur de ton corps, il évacue tous les déchets du métabolisme.

Le gros de la mission du côlon, c’est d’évacuer tous les déchets du métabolisme. Plus musclé que Popey, il ne recule devant rien et se contracte en permanence pour faire avancer les poubelles vers la sortie – c’est un peu le « super éboueur » de ton organisme. Le problème, c’est que tout ton corps le sait et que tes organes profitent un peu trop de sa bonne volonté. S’il doit déjà gérer tous les résidus de fibres alimentaires non digérées, le foie y ajoute sans vergogne sa bile chargée de toxines, quand les réseaux sanguins et lymphatiques lui confient volontiers divers métaux lourds en circulation (mercure, cadmium, aluminium, bismuth…) et autres intoxicants de toutes sortes.

* Bon à savoir

A ce propos, peut-être as-tu déjà pu constater la présence de glaires transparentes à blanchâtres dans tes selles ? Même si au premier abord, ce n’est pas hyper rassurant, c’est pas forcément un mauvais signe : dans la majorité des cas, cette perte de mucus accompagne juste une grosse évacuation de toxines. En revanche, si tu constates ce phénomène régulièrement, tu as probablement le gros intestin beaucoup trop sollicité et très certainement irrité – voir clairement attaqué. C’est à ce moment-là que tu DOIS ABSOLUMENT t’envoyer le TUTO – Nettoyage du côlon en deux façons

Au bilan, malgré sa volonté sans faille, notre beau et fier gros intestin ne fait que recevoir agression sur agression en permanence ; c’est malheureusement en partie sa destinée. Et comme si ça n’était pas assez pénible à gérer, Monsieur se permet en plus d’être perfectionniste et de se rajouter des tâches.

Plutôt mourir que d’en perdre une miette : quand l’absorption devient passion

A ce stade de l’aventure, tu l’auras compris, il ne reste plus grand-chose à traiter : 90% des nutriments jadis présents dans ta pomme ont déjà été absorbés par l’intestin grêle et font désormais carburer ton métabolisme.

Les 10% qui restent vont donc être le combat de ta flore intestinale : c’est en effet grâce aux sympathiques bactéries qui te squattent que tu vas pouvoir transformer et assimiler les dernières vitamines qui se baladent – B et K, pour être plus précis. Tu sers d’hôtel ; en échange tes hôtes nettoient ton intérieur et transforment les déchets qu’ils trouvent en jolis meubles pour les chambres. Dans le dico, ce genre « d’association à bénéfices réciproques », ça s’appelle une symbiose. Et dans la vie, des locataires aussi sympas, on en prend soin, crois-moi.

De son côté, ton côlon continue à bosser en autonomie. Au milieu du chaos des déchets qu’il se doit d’évacuer en urgence, il prend le temps d’absorber certains électrolytes essentiels, notamment le magnésium et le sodium. Et comme si ça ne suffisait pas, il gère sans relâche l’équilibre hydrique du corps et capte avec toute la conscience du monde toute l’eau encore présente à ce niveau de l’aventure. Deviens gratitude à son égard car sans cet excès de zèle, finies les selles moulées, tu vivrais sans nul doute une longue vie de diarrhée.

L’amas constitué de restes de fibres alimentaires, de bile, de cellules mortes, de métaux lourds et autres polluants – et absolument vidé de toute source utilisable par l’organisme – sera finalement notre selle (que l’on laisse partir tristement à la cuvette alors que d’autres s’en feraient un festin mais ça, c’est une autre histoire).

Ton gros intestin gère les poubelles, absorbe les minéraux, régule les niveaux d’eau… Balèze !

J’imagine que tu n’as pas encore idée d’à quel point tu vas changer ta vie en apprenant à connaître dans l’intimité ton Saint Colombin. Viens me décrire tes selles pour vivre l’aboutissement du voyage, et plonger avec moi vers la radieuse cuvette. Amen.

 

 

 

Rédaction : Adrien Richard

Illustrations : Juliette Moitron

 

 

Sources :

 

JOLY GOMEZ, Fransisca. L’intestin, notre deuxième cerveau. Marabout, 2016. 484 pages.

 

GASTON BESSON, Philippe. Les 5 piliers de la santé. Broché, 2004. 320 pages.

 

Hopitaux Universitaires Est Parisien – Saint Antoine. Anatomie du côlon et du rectum. http://chirurgie-digestive-sat.aphp.fr. Juillet 2017

 

NICQUARD, Quentin. Gros intestin.passeportsante.net. Juin 2017

 

CDU-HGE, Editions Elesevier-Masson. Les fondamentaux de la pathologie digestive – chapitre 4. www.snfge.org. Décembre 2016

Check ton toubib !
 

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