Malabsorption
Malabsorption : le fléau du maigrichon
« Ils ne savent pas la chance qu’ils ont, les gros »
Toi qui fait 1m80 et pèse moins de 60 kg tout mouillé, sache que je te comprends. Je sais pourquoi tu te répètes cette phrase en boucle. Car je fais partie de cette grande et merveilleuse famille des gens qui doivent se battre pour grossir : les ectomorphes – plus communément nommés « babtous fragiles ».
Nous sommes de ceux qui ont toute leur vie entendu : « Tu devrais manger un peu hein, ça te fera pas de mal » ou « Un coup de vent et il s’envole ». Ils ne comprennent pas, ces gros remplis de chance, que chaque repas est un enjeu. Qu’après une semaine d’inactivité, on reperdra douloureusement ce qu’on a gagné en un mois de gavage et de musculation acharnée.
A l’heure ou notre dépravée société prône un corps parfait et puissant, il est temps pour nous de retrouver foi en nous-mêmes. Alors peut-être que oui, la génétique ne nous a pas conçu capable de stocker et de produire autant de viande que nos frères tahitiens. Non, nous n’aurons probablement jamais la capacité de capter et de métaboliser les nutriments à la manière d’Usain Bolt. Mais que cette journée soit gravée dans le marbre : tu vas découvrir que tu peux améliorer l’efficacité de ton intestin grêle dans sa mission d’absorption. Et peut-être que tu en sortiras plus fort, plus vif, plus ÉPAIS !
Les symptômes : ou quand mal absorber rime avec …
Repas gâché
Et oui. Tristement mais réellement, le principe de la malabsorption est simple : tu n’assimiles pas correctement les lipides, glucides ou protides que tu ingurgites. Résultat, ton corps parvient à utiliser une partie seulement de ton repas, le reste part à la cuvette. Une pensée compatissante aux lecteurs « Zéro Déchet » ou « Radin malin » qui viennent de se rendre compte que la totalité de leur assiette n’est pas parfaitement optimisée.
Jolie diarrhée
Comme dit le célèbre dicton, « assiette mal absorbée repart toujours en spray ». Pardonne ce soupçon de vulgarité excessif et lis entre les lignes l’intelligence de ton corps.
Comme tu ne digères pas complètement tout ce que tu gobes, tu génères un maximum de déchets pour ton intestin. Plutôt que de prendre le risque de s’encrasser, il tire la chasse illico presto. La malabsorption s’accompagne donc souvent de ce qu’on appelle une stéatorrhée : ce sont des selles très molles voir liquides, souvent assez jaunes. Cette sympathique nuance de couleur s’explique par le taux de graisses record dans tes déjections – la mesure de ce taux est d’ailleurs l’examen le plus classique pour établir le diagnostic de malabsorption.
Corps carencé
Un intestin qui absorbe mal, c’est un corps qui à terme manque de tout un tas de vitamines et minéraux (vitamine B12, K, magnésium, potassium, fer, calcium…etc.). Suite à ces carences, on peut observer un véritable florilège de symptômes apparaître : anémie, extrémités froides, douleurs articulaires, musculaires, perte de cheveux, etc. Et tant que tu n’auras pas soigné la cause, tu auras beau te démonter à grand coup de compléments alimentaires, rien n’y fera. Un peu comme si tu manifestais chaque jour pour favoriser le droit des mexicains sur le sol Américain… sous la fenêtre de Donald Trump.
Mec fatigué
C’est assez mécanique, si tu te retrouves sous-nutri par rapport à ta constitution et tes besoins journaliers, tu vas passer en sous-régime. Évidemment, ça se traduit souvent par une faiblesse générale ou une fatigue chronique à la clé.
Silhouette d’échassier
La suite logique à tout ce qui intervient ci-dessus, c’est l’amaigrissement, nous y voilà. Tu n’as pas assez d’apports pour subvenir à tes besoins, donc ton corps tape dans tes stocks… et voilà, ta masse musculaire fond comme la neige au printemps.
Mais la malabsorption, ça se joue à tous les niveaux ! Si je te décris ici la version trash, pas besoin d’en arriver là pour se retrouver chétif et avoir du mal à grossir. Entre symptômes légers et enfer quotidien, une réalité persiste : tu vas pouvoir améliorer tout ça.
Comment tu en es arrivé là ? C’est comme toujours, LA QUESTION à se poser. Et si t’en es pas à ton premier article, tu sais comme moi qu’il ne va pas y avoir qu’un seul nœud à défaire, mais une jolie pelote pour te remettre au top.
Option n°1 : manque d’enzyme… régime !
Dans le cas présent, tu manques de produits détergents : ton pancréas ne sécrète pas assez d’enzymes pour découper les graisses assez finement, ou la bile en provenance du foie qui peut les rendre solubles n’arrive pas en quantité suffisante. Conséquence dans les deux cas, du bon gras mal digéré qui va finir dans la cuvette.
Dans ce cas précis Sherlock, va falloir encore remonter la piste afin de comprendre pourquoi ton pancréas a décidé de la jouer « relax » – ou déterminer s’il y a un tuyau bouché quelque part au niveau du foie. C’est là qu’intervient le bon vieux médecin de famille, si tu as tous les symptômes décrits auparavant ça peut valoir le coup de se renseigner un peu mieux. Intoxication aux métaux lourds ? Calcul ? Parasite ? Nul ne sait, mais quelques examens bien avisés pourront t’aider à trouver la voie.
En attendant, et/ou si tu ne trouves rien de tout ça, va quand même falloir trouver le moyen de t’aider à dissoudre ce que tu manges, pas vrai ? C’est maintenant qu’apparaît la formule magique qui résout tes problèmes : ALIMENTATION VIVANTE – tu devrais lire l’article complet en cliquant dessus, ça change tellement la vie que tu ne vas pas en revenir. « J’te le jure sur la vie de ma mère », comme on disait à l’époque au quartier.
Ça paraît logique mais quand on n’est pas foutu de produire soi-même son détergent, on en rajoute manuellement dans le moteur. Si les flemmards iront acheter directement des complexes enzymatiques en capsules, moi je te conseille de booster ton apport en enzymes naturelles régulièrement et à chaque repas. Et les enzymes, on en trouve principalement dans les fruits et légumes crus, les graines germées, et dans les produits lactofermentés ! Allez courage, on arrête de carboniser ses plats, on passe à la cuisson vapeur, on mange des crudités à chaque repas, et on ajoute choucroute, kéfir et pickles au menu !
Option n°2 : problème de captage
Dans cette configuration tu peux ne pas avoir de problèmes de sels biliaires ou enzymatiques, mais c’est un peu plus bas dans l’intestin que ça dérape.
En effet, si ta paroi intestinale est irritée, enflammée ou abîmée – ce qui est chose très courante aujourd’hui, eu égard de nos habitudes alimentaires – elle ne pourra pas remplir ses fonctions d’absorption.
C’est assez logique, en fait : tu imagines bien que si les milliards de petites cellules qui se démènent pour toi sont attaquées et passent une vie de souffrance, elles vont avoir d’autres priorités que de capter correctement les produits nutritifs issus de ta dernière bouchée.
Soyons un peu plus concret. Prends un gardien de foot au top de sa forme, tire-lui une balle dans la jambe gauche et lance-lui un marteau dans le bras droit. Il est probable que ce brave homme éprouve quelques difficultés à attraper le prochain ballon de qui lui arrive dessus – et nous ne saurions lui en tenir rigueur.
C’est à peu de choses près ce que tu infliges à tes cellules intestinales quand tu gobes ton délicieux fast-food arrosé de soda en moins de cinq minutes trente… Aussi et dans ce cas présent, je t’invite à assumer la tête haute les douleurs auxquelles tu dois faire front.
Te voilà pris d’empathie et tu veux savoir comment te réparer ? Belle initiative, tu peux commencer dès aujourd’hui par arrêter de te faire du mal et ralentir les aliments susceptibles d’abîmer ta gentille muqueuse : produits laitiers, gluten, alcool, café, excitants, intolérances éventuelles…
Et pour la reconstruction en elle-même, sache que c’est un chantier qui ne s’improvise pas ! Aussi je t’invite à faire un tour sur l’article lié à l’hyperperméabilité intestinale, on te dit tout.
Rédaction : Adrien Richard
Illustrations : Juliette Moitron
Sources :
SEIGNALET, Jean. « Soigner par l’alimentation« . Rocher, 2017. 200 pages.
UHL, Thomas. « Et si je mettais mes intestins au repos ? » Solar, 2016. 224 pages.
VAKIL NIMISH & JORGENSEN CAROL. « Syndrome de malabsorption« . IFFGD, International Foundation for Gastrointestinal Disorders.
R.RUIZ Atenodoro, JR MD. « Présentation de la malabsorption« . LE MANUEL MSD, www.msdmanuals.com, Mars 2017
MEDECINE SORBONNE UNIVERSITE. « Intestin Grêle, Chap 3 – Syndrome de malabsorption« . http://www.chups.jussieu.fr. Mars 2017.
Seul un professionnel de la santé est apte à fournir à l’internaute un avis médical approprié, quelle que soit sa condition.