Le bouillon du soir qui arrache tes émonctoires
24 juillet 2018Bien-être dînatoire : Décape tes émonctoires avec un bouillon du soir
Ce soir, seul face au miroir, tu ne supportes plus ce reflet couvert par les meurtrissures de ton quotidien monotone. L’appétit en berne en ces jours sombres, tu ne rêves que de voyage, d’un corps jeune, neuf et libéré des pollutions qui l’entravent. Reçu 5/5, je m’occupe de toi dans l’instant : c’est parti pour un bouillon léger et bien chaud, pour bien digérer, détoxiner et ouvrir les pores de sa peau.
Directement inspiré des confins de l’Orient, ce soir je te propose de croiser les cultures et les saveurs pour créer une synergie culinaire absolue. On retrouvera donc la puissance anti-oxydante et anti-inflammatoire du gingembre et de la citronnelle contenue dans la soupe Thaï ; quand le Japon nous offrira un miso riche en probiotiques, lui-même renfort de l’action de l’algue Kombu, captatrice de métaux lourds. Enfin, la « sulfureuse » association de l’ail et de l’oignon extraite du Phô vietnamien apportera, en association avec la coriandre, une puissance détoxifiante absolue et un goût des plus dépaysant.
C’est vrai, si on résume, il est bien question de synthétiser en un simple brouet l’intelligence gustative et nutritionnelle d’un continent riche de 5000 ans d’histoire. Une fois mis au placard le respect des traditions et une partie de ton amour propre, enfile une veste, on part en course.
Pour claquer ta soupe asiatique mi thaï – mi vietnamienne – mi « so » pour deux personnes, il te faut :
- 1 belle carotte
- Une poignée de champignons Shiitaké (à défaut, des champignons de Paris)
- Une belle phalange de gingembre
- Une grosse gousse d’ail
- Une feuille d’algue Kombu (se vend séchée dans tout magasin bio qui se respecte)
- 1 tige de citronnelle fraîche
- 3 ou 4 brins de coriandre fraîche
- 1 cuillère à soupe de miso
- 1 cuillère à soupe de Tamari
- 200g de vermicelles de riz
- 2 oignons nouveaux (tu sais, ceux avec la tige verte)
Envoie sans plus tarder trois tasses d’eau froide dans une casserole, effrite ta feuille d’algue Kombu dedans et laisse-la baigner relax au moins une demie-heure dans l’eau froide. L’idée, c’est de la laisser se détendre suffisamment dans l’eau qu’elle retrouve sa souplesse, sa bonne humeur, et ses principes actifs. Avantage : cela peut être pratiqué à n’importe quel moment de la journée.
Trois quarts d’heure avant d’avoir vraiment la dalle, mets cette même casserole à frémir sur le feu. Parallèlement, saisis ta carotte (si tu as ne serait-ce qu’ébauché un sourire à la lecture de cette phrase, tu crains, mais grave) et débite-la en fines tranches. Brosse les champignons et coupe-les juste en deux, râpe le gingembre, détaille la gousse d’ail et balance-moi tout ça dans une marmite (ou une autre casserole, à défaut) avec « un bon peu » d’huile d’olive.
Régale ton ouïe du délicieux « pshhhhhh » des légumes qui dansent et dorent sur le feu mais attention, pas plus de cinq minutes ! – on ne voudrait pas tomber dans du « foodporn » déplacé. J’aimerais d’ailleurs te faire part d’un petit dicton de ma création pour illustrer ma pensée : « Colorer sans cramer est gage de bonne santé ».
Quand le bronzage du champignon te paraît optimal, transvase ton bouillon dans la marmite, c’est parti pour le jacuzzi de légumes collectif. Il est désormais ESSENTIEL que tu y ajoutes ta tige de citronnelle et ta coriandre hachée : à l’instar d’une Céline Dion sans son René, ton bouillon resterait sans herbes tristement fade et sans relief. Cette étape cruciale enfin franchie, tu peux désormais laisser ta soupe asiatisante développer sa puissance à feu doux pour les trente prochaines minutes. Juste pour toi le temps d’enfiler ton plus beau kimono, et d’affûter ton sabre pour trancher de fines rondelles l’oignon nouveau qui reste sur la table.
A cinq minutes du déclenchement officiel du dîner : coupe le feu, ajoute les rondelles d’oignon , les vermicelles de riz, le miso et la cuillère à soupe de Tamari. Toi et ton ami(e) n’avez plus qu’à vous installer l’un face à l’autre à genoux sur un tatami, et à attendre le gong sacré, et saluer. Bon app’ !
Adrien Richard