Alimentation vivante
24 juillet 2018TUTO ALIMENTATION VIVANTE :
LES QUATRE PILIERS DE LA VITALITÉ
« Que ton aliment soit ta seule médecine », écrivait Hippocrate au IVème siècle avant Jésus Christ. Père fondateur de la médecine moderne, il posait à l’époque les bases des courants de pensée hygiénistes actuels : on devient ce que l’on mange.
Et boum, voilà la phrase qui fait mouche, qui nous remet face à nos réalités. Frères et sœurs de l’ère industrielle, enfants de la consommation facile, que sommes-nous devenus ? A force d’ingérer mécaniquement des aliments cuits ou précuits, des animaux morts, des légumes surgelés et des produits transformés, ne serions pas nous-mêmes en train de nous transformer en zombies ? En machines ?
Il est grand temps de changer, de ramener la vie dans nos entrailles. Redonner à nos corps la capacité de se régénérer, sentir enfin ce souffle de vitalité nous parcourir l’échine. L’alimentation vivante offre quelques grands principes pour faire évoluer sa façon de manger… Résumés pour toi en quatre piliers, qui, intégrés à ton quotidien, peuvent devenir les solides fondations d’un nouveau mode de vie en marche vers la puissance. SPARTIATES, QUEL EST VOTRE MÉTIER ?
1. CHOISIR LA QUALITÉ
Pour offrir à ton corps la possibilité de se détoxifier et lui apporter les meilleures sources nutritives, il faut AVANT TOUTE AUTRE CHOSE commencer par se positionner sur une alimentation de la meilleure qualité possible et en exclure les intrants toxiques. Ça peut paraître superflu de le préciser, mais il en va de mon honneur d’inscrire cette réflexion dans le marbre : il ne sert à rien de s’affirmer crudivore et végétalien si chaque légume qui compose ton assiette est chargé de pesticides et d’engrais chimique !
Fais le choix d’une alimentation aussi saine que possible, la meilleure source étant ton propre potager ! – toi qui habite en plein centre-ville, je conçois que la question du foncier devienne un facteur limitant. Autrement, les aliments de saison issus d’une agriculture biologique feront très bien l’affaire. Et oui, c’est un peu plus cher à l’achat. Mais rappelle-toi que c’est une question de choix : quel est la part de ton budget que tu accordes à ton alimentation ? Quelle est l’énergie que tu dépenses pour te nourrir ?
Voici une pensée émue pour TOUS LES ÊTRES VIVANTS qui, exception faite de l’homme, consacrent la quasi-totalité de leur journée et de leurs efforts à s’alimenter. Quand en France, en moyenne, on accepte d’accorder entre 15 et 25% de ses revenus à son assiette… ça donne à réfléchir. Une seule vérité subsiste : tu peux toujours acheter moins, mais acheter mieux.
2. MANGER DU CRU
Le principal grand principe de l’alimentation vivante est simple : privilégier et intégrer un maximum d’aliments crus et non transformés dans ses repas. En effet, toute cuisson supérieure à 40°C détruit les enzymes naturelles des produits crus, ainsi que la plupart des vitamines. Pire, certains modes de cuissons plus violents provoquent des changements importants dans la structure des molécules, transformant carrément les aliments en toxiques !
C’est le cas, par exemple, de ton bon vieux barbecue estival. La combustion du charbon de bois génère une fumée riche en dioxines qui peut littéralement rendre ton steak aussi nocif qu’un paquet de clopes… un conseil, laisse la grille à plus de 15cm des braises et évite les graisses brûlées – et puis, idéalement, évite d’en claquer quatre par semaine !
Pour le reste de l’année, fais la part belle aux crudités à chaque repas. Une jolie petite entrée croquante te fera mastiquer comme il faut et t’apportera la dose de vitamines, enzymes et sels minéraux qu’il te faut pour t’aider à digérer et rebooster ton intérieur. Et pour les débuts, si c’est un peu dur pour toi et que tu digères mal les fibres et crudités, achète un extracteur pour profiter des bienfaits des jus de fruits et légumes frais !
3. FERMENTER ET FAIRE GERMER !
Si tu cherches à retrouver la pleine vitalité, certes un apport massif de vitamines et minéraux va t’aider, mais cela ne suffira pas : il va aussi te falloir apprendre à économiser l’énergie que tu dépenses. Or s’il y a bien un moment de ta journée ou tu mobilises UN MAX de ressources… c’est pendant ta digestion. Et là mon pote, il est grand temps de parler d’enzymes.
Ces sympathiques petites ouvrières découpent, agrafent et collent les molécules entre elles, sans jamais demander leur reste. Ce sont elles qui déclenchent la germination des graines, aident les plantes à pousser et te soutiennent dans une multitude de réactions métaboliques, tellement que t’as pas idée. Elles sont l’énergie même de la vie ! … Sauf qu’elles sont détruites à la cuisson, aussi tu comprends mieux le pilier n°2.
Une chance pour nous, il y en a plein les légumes, fruits et graines. En mangeant cru, tu avales donc de braves enzymes qui vont t’aider à digérer ton plat, et tu t’évites de mobiliser tes propres enzymes probablement occupées à une autre tâche importante de ton métabolisme.
Pas de bol, certains d’entre nous ont un intestin et/ou une flore intestinale déjà trop fragilisé(e) pour être capable d’assimiler le cru. C’est là que les aliments lactofermentés entrent dans le game. La lacto-fermentation est un processus qui permet le développement d’un maximum de bonnes bactéries qui vont « pré-digérer » les aliments pour nous. Ces adorables petites bactéries vont aussi nous permettre d’éviter la cuisson et de maximiser le potentiel enzymatique des aliments plutôt que de le réduire. Et en les avalant, bonus, on reconstruit une flore intestinale de qualité ! Fermenter ses aliments, c’est faire d’une pierre… quatre coups. Prenons l’exemple de la choucroute : on passe d’un chou cru pas hyper bon au goût à une préparation délicieusement acidulée, digeste, crue et pleine d’enzymes, qui reconstruit notre flore intestinale ! Que demander de mieux ? Et le top, c’est que quasiment TOUS les fruits et légumes peuvent se faire fermenter !
Les graines, quant à elles, sont recouvertes de molécules qui inhibent l’action des enzymes ; évitant ainsi le démarrage de la germination. Pas terrible de manger des graines, tu me diras ? Exact, sauf que ces inhibiteurs enzymatiques disparaissent dans l’eau. Voilà donc tout l’intérêt de faire tremper et germer ses graines avant de les manger : elles développent un potentiel enzymatique et nutritif incroyable ! Et si certaines variétés se consomment volontiers à l’état de pousses (mungo, luzerne, moutarde…), le conseil est aussi valable pour les oléagineux. Noix, noisettes, et amandes ne seront que plus bénéfiques après simplement 24h de baignade dans un verre d’eau !
4. TEMPÉRER SES ARDEURS
Tu es convaincu et tu le sens dans tes veines, tu vas t’envoler vers la vitalité. Je ne peux que t’encourager mais, à l’instar de Dédale prévenant son fils des dangers du soleil, je me dois de te mettre en garde. Oh toi jeune Icare aujourd’hui grisé par la promesse d’une vie plus énergique, ne t’envole pas trop haut ni trop vite, tu risques de te brûler les ailes.
Tout changement d’alimentation ou de mode de vie ne peut se faire du jour au lendemain et nécessite, pour toi comme pour ton corps, une période d’adaptation. Se lancer à corps perdu et sans transition dans une alimentation 100% crue, c’est signer dès maintenant pour un échec certain, et les raisons sont multiples.
Ta flore intestinale est en effet adaptée au mode de consommation que tu lui offres aujourd’hui. Si, sans préavis, tes braves bactéries habituées à découper de la viande cuite se retrouvent face à du fenouil cru, tu imagines qu’elles ne vont pas savoir qu’en faire… Et c’est parti pour des déchets, des douleurs et ballonnements, ce qui sera pour toi parfaitement contre-productif. Il va falloir y aller étape par étape pour laisser ton microbiote se reconstruire et s’adapter à une alimentation différente et nouvelle.
Quoiqu’il en soit, la voie du milieu reste le chemin le plus sûr en toute chose. L’alimentation vivante a aussi ses détracteurs ; la cuisson rend en effet certaines vitamines ou protéines plus facilement assimilables, en particulier pour un organisme fatigué. Ce n’est donc pas le régime miracle tant espéré – qui d’ailleurs à mon sens n’existe pas. Le seul régime miracle, c’est celui qui te correspond à toi et tes besoins du moment.
Autre point, l’apport soudain et massif de vitamines et minéraux va enclencher un processus d’auto-nettoyage du corps, tes cellules vont être ravies de remplacer les polluants qu’elles contiennent par des nouveaux matériaux de qualité. C’est certes formidable, mais toutes les toxines que tu as mis des années à accumuler ne pourront pas sortir en une semaine… Et si tes cellules remettent trop de toxines en circulation dans ton sang par rapport à la capacité d’évacuation de tes émonctoires (foie, reins, intestin, peau, poumons), tu risques d’en subir des conséquences très désagréables – la traditionnelle « crise de détox ». Et potentiellement créer des troubles là où il n’y en avait pas avant. Et c’est encore mamie qui marque un point, c’est dur mais elle a raison, « patience est mère de sûreté ».
Enfin et surtout, le plus important à mes yeux, c’est de prendre soin de ta motivation. S’il peut déjà être assez décourageant de ne plus retrouver les saveurs auxquelles on était habitué, un changement trop brutal de tes habitudes peut aussi impacter ton quotidien et tes relations sociales. Que diront tes amis ou ta famille quand tu refuseras une tranche de gigot ou la traditionnelle raclette du jour l’an ? Et comment vivras-tu cette situation ?
Laisse à tes papilles le temps de s’habituer en douceur en intégrant de plus en plus de vivant dans tes repas. Savoure le plaisir de découvrir mille et une nouvelles recettes et partage-le au compte-gouttes avec ton entourage. Prends toute la mesure de l’attention que réclame chacune de tes bouchées.
A mon tour de rentrer dans l’histoire et de clasher les punchlines préhistoriques de mère-grand. C’est l’heure du freestyle qui réduit le rap game en cendres : « Qui se force à manger aura le ventre explosé, qui célèbre chaque assiette fait de son corps une fête« . Tout ça pour te dire qu’en définitive, il faut prendre temps et plaisir à ce que tu fais, c’est à mon sens le plus important. Allez, on se laisse là-dessus, et surtout…
Bon appétit !
Rédaction : Adrien Richard
Illustrations : Juliette Moitron
Sources :
SEIGNALET, Jean. Soigner par l’alimentation. Rocher, 2017. 200 pages.
KOUSMINE, Association Médicale. La Méthode Kousmine. Jouvence Ed., 1990. 216 pages.
ASSOCIATION KOUSMINE. L’alimentation vivante : le cru. www.kousmine.fr. Novembre 2017
L’alimentation vivante : quoi, pourquoi, comment ? synergiealimentaire.com. Novembre 2017
MELANIE AIMEE. Les graines germées : le miracle de la vie www.mesbienfaits.com. Juillet 2018