Associations alimentaires
24 juillet 2018TUTO ASSOCIATIONS ALIMENTAIRES : Les 5 commandements du manger intelligent
1. LES FRUITS DES REPAS TU ÉLOIGNERAS
Un fruit, c’est principalement de l’eau, et du sucre. Ce sucre particulier contenu naturellement dans les fruits est appelé fructose : c’est un sucre simple – monosaccharide – donc absorbé hyper vite par l’intestin grêle (en tout début de parcours). Résultat, pour la plupart des fruits, ils sont parfaitement digérés en moins de 45 minutes et parfaitement disponibles pour l’organisme ! A titre de comparaison, un bol de riz atteindra l’intestin grêle environ deux heures après ingestion, quand un steak de bœuf nécessitera parfois plus de cinq heures.
Si tu as l’habitude de manger tes fruits en dessert, tu les mélanges à ton bol alimentaire, qui lui, en fonction de ce que tu t’es mis dans le gosier, va mettre entre deux et six heures à évacuer l’estomac. Outre le fait que tu rajoutes, par les fruits, de l’eau au mélange (comme tu le sais celle-ci dilue ton brave acide chlorhydrique), tu vas laisser les fruits « coincés » dans le bol alimentaire, qui vont y stagner pendant de longues heures. Et le sucre, quand il stagne… il fermente ! Résultat, production d’alcool dans l’estomac, acidité augmentée, perte d’énergie… Bref, une heure avant les repas ou trois heures après c’est mieux. Le top du top, c’est de manger les fruits le matin, pour refaire ton stock de glycogène hépatique. Il s’agit du carburant que ton foie a utilisé pendant la nuit pour te nettoyer de l’intérieur.
2. TOUS LES FRUITS ENSEMBLE TU NE MANGERAS PAS
Mère Nature a décidé de nous offrir différents fruits, que la science range aujourd’hui en quatre sortes (voir cinq, pour les plus perfectionnistes). Ce n’est pas juste pour te faire cogiter outre mesure ni t’obliger à lire des mecs comme moi. Même si on oublie le nombre de besoins auquel ça te permet de répondre, on peut juste noter l’incroyable beauté de la variété des goûts et couleurs que l’on peut aujourd’hui sucer ou croquer, sans avoir besoin de Danone pour nous le préparer. Passons.
Parmi ces différentes « variétés » de fruits :
– les fruits « sucrés » : banane, datte, kaki, figue se combinent UNIQUEMENT avec les fruits semi-acides
– les fruits « semi-acides » : pomme, poire, pêche, nectarine, prune, mangue, raisin, cerise se combinent avec les fruits sucrés OU les fruits acides
– les fruits « acides » : agrumes, baies, kiwi, ananas, tomate se combinent UNIQUEMENT avec les fruits semi-acides
– les fruits « aqueux » : melon et pastèque se consomment SEULS
– les fruits « gras » : avocat, oléagineux, olives se consomment SEULS mais peuvent intégrer les repas salés
Chacune de ces familles requiert un temps de digestion approprié et surtout, une certaine acidité de l’estomac. Donc si tu veux préparer la plus digeste des salades de fruits, respecte ces quelques notions !
3. LES SUCRES ET LES GRAISSES TU SÉPARERAS
Chaque catégorie alimentaire requiert l’activité d’une enzyme spécifique qui va venir la dégrader en petits morceaux. Les sucres – glucides en tous genres – vont nécessiter l’action de divers enzymes à différents endroits : l’amylase pour les amidons, dès la bouche, puis la maltase pour le maltose, la lactase pour le lactose, la sucrase pour le glucose et le fructose, dans l’intestin grêle. Le point à retenir, c’est pour que ces travailleuses restent actives et performantes, elles ont besoin de se trouver à un niveau d’acidité plutôt alcalin (entre 7 et 8).
La lipase, enzyme qui se charge des lipides (donc des graisses), nécessite quant à elle un pH très fortement acide (idéalement en dessous de 3). Tu commences à sentir poindre la morale de cette histoire.
On n’a jamais vu un musicien, si doué soit-il, capable de jouer de la guitare ET du violon en même temps (sauf s’il était doté de quatre bras). Il sait faire les deux, bien sûr, parce qu’il est brillant. Mais l’un après l’autre. Sinon il va mal jouer, et finir épuisé. Et bien ton corps, c’est exactement pareil.
Donc dans l’idée, la tartine de pain (sucre lent) + beurre de cacahuète (pur gras) + confiture (rapide), ça s’apparente un peu à un crime. Simplifie ton alimentation, essaye de manger des choses qui « matchent » bien ensemble, comme disent les jeunes de la génération Tinder.
4. LES PROTÉINES ET LES GLUCIDES TU DISSOCIERAS
C’est exactement le même combat que le précédent ; la viande, c’est des protéines et des graisses. Les féculents, ce sont des amidons, donc des glucides, donc les deux ne marchent pas du tout ensemble. S’ajoute à cela que les temps de digestion sont différents : pour un steak c’est plutôt du quatre à cinq heures, et plutôt deux heures et demi pour une brave portion de riz.
Donc quand tu manges de la viande, c’est avec des légumes, point.
Surtout pas de céréales (riz, blé, quinoa, millet, avoine, etc.) avec les viandes rouges, qui sont des viandes très grasses (bœuf, veau, agneau, mouton…). A la limite, les viandes blanches maigres peuvent être associées avec des amidons faibles, type pomme de terre ou patate douce. Tu peux craquer une fois de temps en temps pour un filet de sole ou de poulet avec quelques pommes grenailles, ça devrait le faire. Mais fini le « Chili con carne » du restaurant d’entreprise ! On a toujours cru que c’étaient les haricots rouges qui donnaient des gaz, rétablissons la vérité : ce plat est une aberration diététique.
5. LES CÉRÉALES ET LES LÉGUMINEUSES TU ASSOCIERAS
La panique te gagne et c’est bien normal. Tu es en train de remettre beaucoup de choses en question ; pire, tu ne sais plus comment repenser tes repas. Mais avec quoi manger ce riz que tu affectionnes tant ? Vas-tu désormais disposer d’une alimentation assez complète pour ne pas souffrir de carences ou quelconque déséquilibre ? Bien au contraire, et pour le prouver, croisons donc l’histoire et la science le temps d’un instant.
Pour parvenir à former de nouvelles cellules, de l’énergie, des hormones, des muscles ou même des anticorps, nous avons besoin de protéines. Elles sont à la base de la formation de toute nouvelle cellule ou nouveau tissu dans le corps. Ces dernières sont des chaînes d’acides aminés, petites molécules de structures diverses qui sont capables de se lier entre elles par des liaisons peptidiques. Selon la façon dont elles se lient, elles forment une multitude de protéines aux fonctions variées. Schématiquement, plusieurs acides aminés (que l’on appellera A, B, C, D) forment des protéines du type ADCB, DABC, ou encore CDAB ; et chacune aura dans le corps une fonction particulière. On retrouve des protéines qui possèdent la totalité des acides aminés essentiels majoritairement dans les viandes, œufs, poissons, fromages, etc. Ce qui nous conduit tout droit au discours commun du carnivore traditionnel : « ‘Toute façon, les végétariens, ‘sont obligés de se complémenter ! Pas étonnant qu’ils soient tout blanc, là, à sucer des radis toute la journée ! » ERREUR chers amis, et c’est là où j’en appelle à l’histoire du monde et à l’intelligence des hommes.
As-tu remarqué qu’il existe de nombreux pays dans le monde où les hommes sont en bonne santé, ont bon teint, et pourtant – du fait de leur culture, engagement, ou niveau de richesse – ne mangent quasiment aucune protéine animale ? Ils ont parallèlement à ça développé une culture alimentaire goûteuse et riche ; mais plus important que ça, parfaitement COMPLÈTE.
En effet, les céréales possèdent certains acides aminés, mais ne constituent pas des chaînes protéiques complètes (schématiquement A et B). Il en va de même pour les légumineuses (pois, pois chiche, lentilles, haricots, etc.), qui elles, sont plutôt constituées des maillons manquants (C et D). Ainsi, si au cours du même repas on mélange céréales et légumineuses, on reconstitue un apport protéique entier (A, B, C et D) et parfaitement digeste.
Il est fascinant de constater à quel point l’histoire des hommes et des plantes nous a conduit, partout à travers le globe, à créer des associations alimentaires parfaites : le plat typique végétarien en Inde est le Dhaal de lentilles, consommé avec du riz ; au Maghreb on mange les pois chiche avec la semoule, quand en Amérique du Sud les haricots rouges viennent garnir les galettes de maïs. Des plantes qui poussent chaque fois côte à côte, et qui, tant dans l’assiette que dans le corps, offrent des associations gustatives et protéiques parfaites ! Que la vie est bien faite…
Rédaction : Adrien Richard
Illustrations : Juliette Moitron
Sources :
SEIGNALET, Anne & Dominique. Comprendre et pratiquer le régime Seignalet. Broché, 2014. 140 pages.
Dr SHELTON, Herbert. Les combinaisons alimentaires et votre santé. Nouvelle, 1994. 125 pages.
MERIEN, Désiré. Les associations alimentaires compatibles. Broché, 2011. 320 pages
Dr ROUGIER, Yann. Se programmer pour guérir. 2010, Broché. 368 pages